Cela faisait 11 ans que je n’avais pas pris 3 semaines de vacances, à partir de chez moi qui plus est. Partir comme pour se retrouver. Et ces 3 semaines je ne les avais pas vraiment décidé. Il y a eu 15 jours avec ma fille, puis mon intuition s’en est mêlée : « Psst, et si on prolongeait ? » Après la première phase de protestation, je me suis rendue compte que je devais le faire : partir sans date de fin fixée et sans destination. Un roadtrip solo avec mes envies comme seules GPS. Plus que des vacances en rab, ça a été un voyage physique, émotionnel et spirituel inattendu. Une expérimentation de ce que c’est de suivre le flot de la Vie. Et quel cadeau !
Ces congés d’été ont débute par des vacances avec ma fille chérie. 15 jours ensemble à profiter, sans obligation d’heure de coucher ou d’aller à l’école. Pour une maman solo, 15 jours d’affilée avec son enfant, c’est déjà un grand cadeau en soi. Nous avons profité pour partir au bord de la mer avec des amis, puis à Paris pour un séjour mère-fille où nous avons bichonné notre âme d’enfant (intérieur pour moi, tout court pour elle) à coups de parc d’attractions, de jeux, de découvertes, de beauté et de glace au chocolat.
Puis vint le temps des 15 jours SANS l’enfant. Bien moins réjouissant. Mon Capricorne intérieur prévoyait déjà de noyer sa peine dans le travail, à coup de journées enfermées pour cause de chaleur et de bonnes excuses pour travailler 10h par jour.
« Tu comprends, j’ai pas d’autres obligations. » Certes. Sauf que je l’ai vu venir à 10 km ce schéma : me reclure en haut de ma colline, oeuvrer jusqu’à oublier que c’est l’été, déprimer de solitude.
Et mon intuition a fait le reste : « Et si tu partais ? Si tu te laissais porter ».
– « Ben j’ai pas trop les moyens et j’ai du boulot. »
-« Le camping ça coûte pas cher et tu peux travailler de n’importe où en fait. »
-« C’est vrai. Mais pour aller où ? »
-« Viens on sait pas et on y va quand même. »
– « Ok. »
J’avais déjà mes places pour un festival de musique depuis des mois pendant cette période. Pour la suite, j’ai scanné mon 1er élan : aller voir une personne que je ne connais que virtuellement depuis des années. OK, alors on va passer d’abord dans la Loire pour le festival, puis direction les Alpes deux jours plus tard.
J’ai volontairement refusé d’élaborer tout plan jusqu’à la dernière minute. Quand mon mental me criait « Tu n’auras pas de place pour dormir, on est au mois d’août. Tu vas te retrouver toute seule à errer. » Je ne l’écoutais pas, j’ai choisi de suivre ma première impression à chaque fois. Et non pas les discours de peur. Stop.
Première étape : aller au festival et dormir chez des amis. A ma grande surprise, j’ai été renversée par cet évènement. Pourquoi ? Parce que j’en avais aucune attente. Pour moi, j’avais pris des places pour voir deux artistes que j’aime d’amour. That’s all. Je ne m’étais pas du tout projetée sur deux soirs d’affilée, de musiques, de danses, de bières, de ciel étoilé entourée de 30 000 personnes motivées, bon enfant, maquillées de paillettes et parées de sourires étincelants. Cela faisait TRES longtemps que ça ne m’était pas arrivée et ça m’a fait un bien FOU.
Tout mon Etre s’en est retrouvé secoué, rechargé, galvanisé. J’ai même fait mon premier slam ! Pas d’attente, tout à gagner.
Le lendemain, les astres se sont alignés pour qu’une copine de longue date viennent nous rejoindre à déjeuner chez mes amis. Je m’étais dit que j’aimerais la voir sur mon roadtrip, c’est elle qui est venue à moi. A 16h, je décide de prendre la route pour les Alpes, une petite recherche Internet, une réservation dans un camping qui m’inspire et let’s GO. 3h plus tard je me retrouve au pieds des montagnes à monter ma tente. Je dors dehors, sous les étoiles dans les bruits de la nature. On est le 8 août, jour du portail de Sirius. Je me sens bénie par le Cosmos.
Je décide de prolonger une nuit de plus dans ce camping pour faire la rando dont le proprio m’avait parlé la veille : monter à 3 300m. Ca vibre. Je veux le faire. Ca tombe bien, il m’avait noté pour deux nuits : « J’étais sûr que Sophie allait rester un peu plus avec nous. » Bonne pioche.
Pour l’instant je pars pour mon seul RDV de la semaine. Une rencontre formidable faite de guérisons et de rires. La journée quitte l’espace-temps classique. Je pensais y rester 2h, je suis rentrée au camping à 23h30. Merci mon intuition de m’avoir dit d’y rester une nuit de plus.
Le lendemain, c’est parti pour l’ascension du Pic Blanc, le soir je dinerai avec une amie à Gap, c’est à 2h30 de route. Elle propose de m’héberger. Superbe. Je passe près de 5h à marcher en altitude, je nettoie mon âme, mon être, mon corps. Je me nourris de beauté et de pureté. C’est difficile, il fait chaud mais quelque chose de plus grand se passe. Je ne connaissais pas cet endroit 48h auparavant, pourtant c’est ici que je devais être.
Merci à la Vie de m’avoir menée jusqu’ici par l’intermédiaire de ce propriétaire de camping si lumineux. C’est la pluie qui accompagne ma route jusqu’à Gap. La purification continue. Je traverse des paysages merveilleux, je ne sais pas ce que je ferai le lendemain. J’organise simplement un déjeuner avec une autre amie qui vit aussi à Gap. Cela tombe bien, elle passe en coup de vent chez elle entre deux lieux de vacances. Décidément, les Dieux du timing sont avec moi.
Nous nous connaissons peu « in real life » avec mon amie d’Instagram, pourtant nos échanges sont sincères, profonds. Encore une fois le temps file et se nourrit de complicité et de joie. Après une belle nuit (et une possibilité de me laver les cheveux que je ne refuse pas ;), je rejoins mon autre amie et son compagnon dans le centre ville. Où est-ce-que je vais être ce soir, j’en sais rien. Sûrement dehors, j’ai envie de dormir près du lac de Serre-Ponçon :
– « Tu fais quoi pour la suite ?
– « Je ne sais pas. J’ai ma tente et je vais me trouver un camping en bord d’eau.
-« Mais dors à la maison, on n’est pas là pendant plusieurs jours ! »
Leur maison est une merveille au bord d’un lac, à deux pas de Gap. J’accepte avec joie et je souris intérieurement : mon envie d’être près de l’eau se matérialise sans aucune recherche, sans aucun effort. Merci pour ce cadeau, merci pour ce timing divin. Mon rythme se ralentit dans cette maison. Je prends le temps de téléphoner à des amies auxquelles je pense souvent et dont je n’ai pas eu de nouvelles depuis longtemps. 3 projets professionnels palpitants se dessinent de ces échanges. Je lis un livre pendant des heures qui me bouleverse de page en page. Je pratique le yoga dehors, en nature. Je fais la sieste le matin. Je regarde les étoiles filantes allongée dans l’herbe. Je profite d’un magnifique café avec une connexion wifi l’après-midi pour travailler. Car oui, je n’ai pas besoin mais j’ai envie de travailler. Je me sens prête, mûre, rechargée. Il est là mon premier élan, dans une grande fluidité, reprendre mon ordinateur et oeuvrer.
Après deux jours, je reprends la route pour mes collines. Je vais voir un spectacle en plein air à deux pas de chez moi avec deux ami•es. C’est un évènement monté par 150 bénévoles qui créent de l’art ensemble : jouent, chantent, dansent, créent des décors, des costumes… tout ça pour le plaisir de créer et d’être ensemble. Ces personnes y passent des mois et des mois et y sacrifie leurs vacances. Cette communion collective m’émeut au plus haut point. Cette façon de faire communauté, société à travers la culture et le partage. Le temps n’est plus de l’argent mais de la vie. Waouh. Je rentre dormir chez moi remplie de ces sensations et de ces beautés.
Cette semaine de roadtrip sans date de fin ou destination pourra sembler très aisée pour certain•es ou extrêmement difficile pour d’autres, j’en conviens.
De part les rencontres, les timings, les lieux, les évènements. Je n’aurais rien pu imaginer de ce qui s’est passé cette semaine là et c’est ainsi que je me suis sentie pleinement heureuse. Oui parfois je pensais à ma fille qui me manquait, à quelqu’un avec qui débusquer les étoiles filantes dans le Ciel, mais ça n’atteignait pas le bonheur profond de surfer sur le flot de la Vie. De me laisser porter et de recevoir l’abondance sous toutes ses formes. D’être remplie de moi-même.
Je l’avais déjà fait en partant seule pendant 1 semaine à New York à 24 ans. Cela m’avait aussi fait incroyablement grandir (j’avais fini dans un club privé à Brooklyn avec des punks allemandes. Mythique.) mais je ne m’étais pas autant laissée porter. C’est désormais quelque chose que je vis et conscientise dans mon quotidien, mais avoir cette fenêtre sans contrainte de temps et d’espace, seule à prendre des décisions pour moi seulement, cela a été amplifié, démultiplié. On peut l’entendre, le lire, le conscientiser, le mentaliser mais je crois maintenant que c’est vraiment en le faisant, en l’expérimentant qu’on comprend profondément que l’Univers nous soutient chacun de nos pas si nous suivons notre intuition et notre élan. Qu’il nous donne ce dont nous avons besoin sans que nous ayons besoin de savoir la forme exacte de ce dont nous avons besoin. Que les réponses viennent à nous si nous posons simplement la question. Que nous pouvons transformer le plomb (ne pas être avec ma fille) en or (me remplir de Vie d’une autre façon). Que nous sommes entouré•es si nous acceptons de nous laisser aider. Que nous sommes capables de bien plus que nous le pensons si nous nous laissons guider par l’amour plutôt que par la peur.
Lâcher prise est difficile. Je préfère faire confiance. Confiance en ce que je sens, ce qui est bon pour moi. Confiance dans le fait que je ne suis pas seule. Quelle libération ! Quel poids en moins sur les épaules de ne pas avoir à tout savoir et à tout faire seul•e ! Serait-ce là le secret d’une vie fluide et alignée ?
Pendant cette semaine, en haut du Pic Blanc, un nouveau mantra m’est venu : Connais-toi, créé ta vie et danse avec l’Univers.