Ce n’est jamais agréable : échouer, se tromper, ne pas susciter l’adhésion. Milles questions, doutes et émotions de dévalorisation peuvent alors nous submerger et nous plonger loin de nous-même. Bien que je crois sincèrement que rien n’est véritablement un échec mais plutôt un apprentissage, je pense qu’il est aussi important de poser le mot, avec réalisme et conscience sur sa situation pour voir, comprendre, grandir.
Petit tour d’horizon de mon dernier échec en date… ce n’est pas le premier et ce ne sera sûrement pas le dernier.
J’aurais pu le camoufler. Le taire. Ne plus en parler. J’ai choisi au contraire d’être transparente et de ne rien cacher. Pourquoi ? Parce que je ne souhaite pas participer au mythe de l’entrepreneur•e qui réussit tout, sinon iel n’est rien ou pas assez. Parce que l’échec fait partie intégrante de la vie. Parce que je choisis le chemin de l’authenticité quoiqu’il arrive (en tout cas je m’y attelle). C’est à mon sens important de déverrouiller les peurs et les crispations autour de cette notion « d’échec ». Notamment dans notre pays, échouer est synonyme d’être « bon•ne » à rien. Cela inspire plus la pitié que l’admiration.
Iel est sorti•e de sa zone de confort, a décidé d’être acteur•rice de sa vie, d’oser, de créer une nouvelle forme dans la matière. Quelque part, est-ce-que son échec est uniquement de sa faute et correlé•e à sa valeur ? Ou est-ce-que d’autres forces entrent en jeu et contre lesquelles nous sommes sans contrôle ?
En novembre, j’ai proposé un cercle-atelier de 3 jours pour entrepreneur•es. 3 jours pour bouleverser ses croyances autour de la valeur et construire son nouveau paradigme entrepreneurial. Supernova était le fruit d’une illumination, une envie profonde, une mise au service, une joie d’oeuvrer avec un groupe en présentiel. Un condensé de tous mes enseignements et médecines, tant au niveau du concret que de l’énergétique.
Pourtant, je reste convaincue que le fait que ce cercle-atelier n’est pas reçu l’accueil attendu n’est pas lié à la qualité, la valeur de ce que je voulais proposer. C’est assez clair dans mon intuition : la problématique n’était pas là. Alors que s’est-il passé ?
Du côté des intentions positives, j’étais au top de ce que je pouvais manifester : ce cercle-atelier allait avoir lieu, j’y croyais et j’y ai cru jusqu’à la veille. J’ai nourri cette création de belles énergies, j’ai pris du temps pour construire ce que j’allais y proposer en fonction de mon intuition. Il y eu aussi des moments où j’ai complètement lâché, je n’y pensais plus, bercée par la confiance en le timing juste. Des personnes étaient sur le point de s’inscrire : ce n’est pas parce que je ne voyais rien, qu’il ne se passait rien.
Au niveau plus concret, j’ai communiqué assez tôt sur l’évènement en mêlant plusieurs moyens, en m’appuyant sur le relais de la salle qui nous accueillait. J’en parlais souvent et en toute circonstance. Jamais avec avidité juste avec fierté de ce qui allait s’accomplir.
Quand la date butoir pour annuler la salle en perdant juste l’acompte est arrivée, j’ai été prise d’un mouvement de panique pour la première fois : dois-je m’entêter ? ou dois-je laisser tomber ? J’avais expérimenté plusieurs fois les inscriptions en masse de dernière minute. Hors de question que je vacille avant la ligne d’arrivée. J’y crois.
Alors que s’est-il passé ? Pourquoi malgré « tout », le défi n’a pas été relevé ? J’ai posé la question autour de moi pour espérer y répondre :
La date
J’avais choisi la date du pont du 11 novembre en conscience : les vacances de la Toussaint étaient passées, le vendredi férié permettait une meilleure disponibilité et c’était assez loin des fêtes de fin d’année. Pourtant c’est la principale raison que les personnes qui étaient intéressées ont invoqué : pas la bonne période. Novembre est le début de la saison froide et peut-être qu’il est plus difficile de se mettre en action à ce moment-là. Même si je n’y avais pas pensé à la réservation de la salle, je me suis rendue compte d’avoir choisi le portail du 11:11 et la saison du Scorpion pour proposer un évènement autour de la valeur. Là où ça me semblait parfaitement soutenir les énergies à déployer, cela faisait peut-être trop de profondeur et d’intensité pour se lancer…
Apprentissage : ne plus rien faire en Novembre ! J’avais choisi ce mois dans mon énergie de rentrée, toute requinquée de mes congés estivaux. Mais en fait, l’énergie est trop descendante, même pour moi… ce qui m’amène à un autre point.
Mon énergie vitale
Quelques jours avant la date, j’ai fait un black out. Plus d’énergie, plus de cerveau, plus d’émotions. A l’intérieur, j’étais au point zéro. Alors oui, le fait que Supernova n’ait pas lieu m’a mis un coup et soulevé de nombreuses peurs, mais j’avais aussi d’autres problématiques personnelles qui avaient joué sur mon sommeil et sur ma santé physique et mentale.
Aurais-je vraiment eu l’énergie et l’assise intérieure nécessaires pour mener un groupe pendant 3 jours ? En fait, je n’en sais rien. « Si ma tante en avait ce serait mon oncle » dit un (trop) vieux proverbe. Peut-être que l’engouement autour de l’événement m’aurait porté, peut-être pas. Mais dans cette ligne de temps, j’étais épuisée et ne pas faire le cercle-atelier m’a permis de me reposer et de ne pas finir en burn-out.
Apprentissage : La Vie a plus d’intelligence que moi. Si ce n’était pas le bon moment ou le bon format au vu de ce que je pouvais donner, alors Elle m’a protégée. Il est aussi important que je me protège moi-même et que je pose mes limites et des vrais « non » du coeur pour ne pas arriver à la cassure.
Le format
Quand j’ai eu l’idée de Supernova, le programme a déroulé tout seul avec une grande fluidité : il fallait du temps pour permettre un travail en profondeur, des respirations pour oeuvrer avec l’énergie du féminin, des activités différentes pour accompagner le processus. 3 jours me semblaient idéal. Puis pour les personnes qui venaient de loin, cela évitait de grands déplacements pour un temps passé trop court.
Je reste convaincue que 3 jours est un bon format pour ce que je voulais faire. Je me questionne cependant si c’était le bon format pour une première fois : pour moi qui tenait l’espace et pour les personnes qui me faisaient confiance sur un atelier novateur. Aussi 3 jours, c’est un coup financier plus important. Voir plus petit, en mode « test », aurait permis de me forger au fur et à mesure et de laisser l’opportunité de goûter ma proposition avant d’y plonger.
Au niveau du lieu, je n’avais qui’1 seul endroit en tête. Un endroit magnifique en plein coeur de Lyon. Cela a un coût. Comme j’y croyais dur comme fer, j’ai réservé et j’étais redevable de la location quoi qu’il arrive. Cela m’a donc endettée que l’événement n’ait finalement pas lieu. Aurais-je dû trouver un endroit moins « waouh » mais plus sécurisant pour moi financièrement ?
Je me suis aussi questionnée sur le format très novateur. Parler entrepreneuriat, valeur, énergie, breathwork, business plan… au même endroit. Est-ce-que j’ai été assez claire dans ma présentation ? Est-ce-que ce n’était pas trop disruptif ? Est-ce-que j’étais difficile à suivre ?
Apprentissage : sur des formats nouveaux, proposer des petites durées, moins chères et moins engageantes et trouver des solutions pour des lieux gratuits ou peu onéreux.
La mise en place
C’est en août que Supernova a émergé en moi. Le temps de trouver un lieu, d’échanger avec ma co-animatrice et de définir sa forme, je pense que l’événement a été planifié en 3 jours au total. C’était si fluide, si évident, si enthousiasmant : pourquoi attendre ?
Parce qu’on ne maitrise pas le timing divin.
Je me rends de plus en plus compte que ce n’est pas mon intuition qui est à remettre en cause, mais sa matérialisation. Je vais trop vite. Je suis trop enjouée. J’y crois trop. Ainsi je ne me laisse sans doute pas assez traverser par le projet en lui-même. Lui laisser le temps de m’enseigner, de me transformer, de m’élever… avant même qu’il n’existe dans la matière. Je crois que je ne laisse pas le temps de la grossesse faire son oeuvre. L’idée a émergé, a pris dans le ventre… il faut lui laisser le temps de maturation nécessaire pour sortir.
Apprentissage : Ne pas donner vie immédiatement à toutes mes idées. J’ai le temps. Tout le temps qu’il me faut pour profiter de leur gestation et de les voir advenir au temps juste pour moi, pour les autres et pour le monde.
Peut-être que d’autres apprentissages et pistes de compréhension viendront à moi plus tard. C’est un processus constant de mise en conscience.
J’ai essayé, j’ai entrepris, j’ai créé. C’est pourquoi aujourd’hui cet échec ne pèse pas plus lourd qu’une plume sur moi. Il y a une part de moi qui est complètement détachée du résultat car j’ai été authentique avec moi-même tout au long du processus. Je ne cherchais pas l’argent, la reconnaissance ou les paillettes. Mon désir d’être au service et mon intuition d’être à la bonne place n’ont pas bougé et ne bougeront pas, que les personnes m’aient suivie dans cette aventure ou non.
Je suis aussi heureuse d’avoir rebondi face à cet échec : car oui, la salle était réservée et j’allais devoir la payer. Alors comme nous étions sur un long week-end, j’ai imaginé un nouveau format ouvert, avec des séances de guidance, d’astro, de soin et des ateliers sur tarif conscient. Parce que j’avais des frais financiers ET parce que je ne pouvais me résoudre à avoir un si bel espace à disposition sans rien en faire. J’avais soif de rencontres et d’expériences. Des personnes se sont alors inscrites et nous ont rejoint en dernière minute. C’était si beau. De jouer avec l’énergie en présence, avec ce qui avait besoin d’émerger à l’instant T. Nous avons ouvert avec une merveilleuse méditation-soin pour le portail du 11:11 et fermé avec un breathwork libérateur. La participation consciente sur 2 jours (et non 3 au vu de mon état de fatigue) ont permis de rembourser la moitié de la location et de vivre des moments gravés dans mon coeur.
Alors est-ce-qu’avec ce que j’ai finalement vécu sur ce week-end, je peux encore parler « d’échec » ? Ce n’est pas mon sentiment. Je refuse de remettre en question ma valeur, de me laisser définir par un événement. Je suis tombée de cheval et je remonterai en selle, en me laissant le temps d’intégrer et de me laisser enseigner. Les yeux et le coeur ouverts.