Est-ce-que vraiment on ose se l’avouer ? Qu’on a besoin de soutien. Franchement, notre société nous incite plutôt à devenir des êtres indépendants, qui ne doivent rien à personne. Des self-made wo-men. C’est être faible, vulnérable d’avoir besoin de l’autre. Même le domaine du « développement personnel » nous explique qu’il faut être plein de nous avant d’aller chercher quoique ce soit à l’extérieur (amour, argent et tutti quanti). J’adhère plutôt à la voie de la conciliation, celle du « et ». Je sais tracer ma route ET j’ai besoin de soutien. Car nous n’avons pas à tout traverser seul•e pour que nos accomplissements aient de la valeur, pour que nous ayons de la valeur.
Dans mes accompagnements et séances comme dans mes échanges du quotidien, je rencontre très souvent la même configuration : des personnes qui donnent tout aux autres, se font passer après et même s’ils y trouvent de la joie, ils se sentent profondément seul•es. Pas soutenu•es. Pas heureux•ses. Le quotidien est dur et sec quand on fait les choses sans être soutenu•e. Même si se dévouer à l’autre est tout à fait louable, sur du long terme est-ce que cela ne peut fonctionner que dans un sens ? Et surtout est-ce-qu’on prend vraiment soin de soi ? Est-ce-qu’on se donne de la douceur et de l’amour ? Est-ce-qu’on se donne les meilleures chances de réussir sans s’ouvrir au soutien qu’on donne à l’extérieur ?
Je crois que demander de l’aide n’est pas un signe de faiblesse, mais plutôt un signe de bonne santé. Car je sais que je ne peux pas tout faire, tout gérer, tout régler, tout contrôler seul•e. Quelque part, je quitte le « complexe de Dieu ». Personne n’est omnipotent et capable d’avaler le monde sans sourciller.
En réalité, on n’accomplit jamais rien seul•e. Le génie qui révolutionne le monde seul•e dans son garage est un mythe. Il y a toujours les travaux d’un confrère, d’une consoeur, le soutien d’une femme (qui gère le quotidien notamment), un•e associé•e de l’ombre, une équipe… Les grandes stars ont des managers, des producteur•rices, des coach•es sportifs… Même les moines en quête d’illumination ne s’occupent pas de faire les courses le week-end, de ranger les affaires trop petites du dernier ou de déclarer leurs impôts. Ils reçoivent du soutien financier et matériel pour se dédier entièrement à leur tâche spirituelle. Nos vies trop remplies ne sont pas faites pour être gérées par un seul être, qui a souvent la pression de devoir tout faire, d’exceller et le montrer. STOP.
« Help ! I need somebody. »
Nous avons l’impression de passer pour des personnes incapables, fragiles, faibles en demandant de l’aide. « Needy » comme disent les anglophones. Il faut « avouer » avoir besoin… mais en quoi cela est-il une faute ? Entre se reposer entièrement sur les autres (énergie féminine toxique) et tout faire par soi-même (énergie masculine toxique), il y a un éventail de nuances, un équilibre à trouver. Il y a des moments de vie ou des situations où il est important de demande de l’aide ou tout simplement de partager son vécu. Car le soutien n’est pas forcément le fait de trouver quelqu’un•e qui fait à votre place. C’est tout simplement un miroir bienveillant qui nous dit « Tu peux y arriver ». Ce peut-être aussi un coup de main donné, une action déléguée, un remontage de moral ou une célébration partagée.
Notre vulnérabilité est accueillie. Notre quotidien allégé car on ne fait plus seul•e, on est ensemble. Le soutien est un état d’être, c’est pourquoi nous restons souverain•e de notre destinée lorsque nous sommes soutenu•es. L’intention n’est pas de faire tout reposer sur l’autre mais plutôt de co-créer, de faire ensemble. Lorsque je demande du soutien, je m’offre les meilleures chances de réussir et j’aurais une ou des personnes avec qui partager ma victoire. Plus on reste dans un fonctionnement où on ne demande rien à personne, plus on considère que personne n’est là pour nous aider et qu’on est seul•e. Les idées que nous projetons deviennent notre réalité.
De l’importance de bien s’entourer
C’est pourquoi il est primordial d’avoir une belle team de lumière autour de soi. Et elle est très vaste ! De la personne qui partage potentiellement notre quotidien, en passant par nos ami•es, nos client•es, nos collègues, nos prestataires, vos thérapeutes… Bien sûr être en relation avec certain•es personnes n’est pas un choix. Par contre, on peut choisir la qualité de relation qu’on a avec eux. Arrêter de vouloir le soutien d’un parent qui ne veut pas nous le donner par exemple. Et se dire « Ok, je me soutiens en premier et je choisis de trouver ce soutien par ailleurs ». Mais aussi oser parler aux personnes que nous sentons ouvert•es pour nous recevoir. Un entourage encourageant (ou a minima non décourageant) est un des facteur clé de réussite car nos fréquences sont élevées au lieu d’être diminuées.
Alors oui, parfois on ne recevra pas le soutien attendu, escompté. Cela arrive aussi. Est-ce une raison pour en faire une généralité ? Et surtout, cela n’empêche pas de se soutenir soi-même. Comment ? En continuant à demander de l’aide, en disant des vrais oui et des vrais non, en se choisissant.
C’est accepter notre vulnérabilité et avoir le courage de demander de l’aide et l’humilité d’en recevoir. Car parfois aussi, nous refusons l’aide proposée qui diminuerait notre « valeur ». C’est une des plus grosses fumisteries vendues par notre société capitaliste. Dans des sociétés qui ne sont pas basées sur l’échange monétaire, l’entraide est primordiale à la survie des individus. La vie de la communauté est basée sur le soutien mutuel de ses membres et l’apport de la valeur ajoutée de chacun•e au creuset commun. Ensemble on est plus fort.
Je suis une femme forte, je peux gérer de nombreuses choses de front. J’élève ma fille seule au quotidien, je gère mon entreprise et génère mes revenus, je m’occupe de l’entretien de la voiture comme de la déclaration d’impôts et je prends soin de toutes mes relations. J’ai aussi besoin de douceur, d’écoute, de mots encourageants, d’aide. Parce que je veux que ma vie soit douce et partagée. Je n’ai plus peur de déposer mes fardeaux aux personnes prêtes à les écouter (pas à les porter à ma place), je ne rechigne plus à demander un coup de main / à prendre une prestation de service pour passer un moment difficile ou même me faciliter la vie, je me fais accompagner autant que je sens qu’il est nécessaire, je refuse ce qui ne me soutient pas dans mon écosystème.
J’ai besoin de soutien. Et toi ?