Je traite souvent du concept des « archétypes ». C’est une notion avec laquelle j’aime beaucoup travailler. En témoigne la création des calendriers lunaires et la transmission que je fais autour du cycle féminin. Je vous propose de faire la lumière sur ce sujet qui est riche de possibles et de découvertes, tout en étant beau et sacré :
C’est quoi un archétype ? Pourquoi l’utilise-t-on lorsqu’on parle du féminin et du masculin sacré ? Quels sont les archétypes du féminin et du masculin ? Comment un archétype peut-il m’aider à cheminer vers moi-même ?
L’archétype convoque un imaginaire complet, une identité multiple, complexe, nuancée grâce à une simple figure. Chaque archétype possède son ombre et sa lumière. On les retrouvent sur toute la planète mais sous différentes formes.
Par exemple : Lorsqu’on évoque l’archétype de « l’enseignant », de nombreuses notions, images et ressentis sont véhiculés avec ce simple mot. On imagine sans doute un vieil homme âgé face à une ou plusieurs personnes, passionné de son sujet et qui transmet son savoir de façon orale et structurée… D’où aussi l’importance de la féminisation des mots et de l’écriture inclusive pour faire vivre d’autres imaginaires et ne pas enfermer des archétypes dans un genre. Aussi selon notre vécu, ce peut être un tortionnaire ou un saint.
C’est là que réside la force de l’archétype : d’amener à la fois un imaginaire collectif et à la fois un ressenti personnel, sans qu’ils entrent en dissonance. Bien au contraire, cela nous permet de discuter collectivement de concepts abstraits en partant de la même base.
C’est le psychanalyste C.G Jung qui a étudié les racines de l’inconscient collectif et structuré le concept de l’archétype. A partir de l’analyse des symboles et mythes présents dans différents cultures, il a établi 12 archétypes de la personnalité : le sage, l’innocent, l’explorateur, le dominant, le créateur, l’ange gardien, le magicien, le héros, le hors-la-loi, l’amoureux, le bouffon et l’orphelin.
Il existe des nombreux archétypes dans différents domaines et ce concept est particulièrement utilisé pour rendre plus concret l’énergie féminine.
De nombreuses organisations sont proposées, notamment « les 13 mères originelles » transmis par Jamie Sams autour de 13 archétypes du féminin suivant les 13 phases du cycle lunaire. Monique Grande dans « Les Portes du féminin » propose 40 archétypes pour éclairer le chemin des femmes.
Pour débuter dans cette exploration de son féminin et la reconnecter à une base tangible (= le corps), je préfère la proposition de Miranda Gray dans « Lune Rouge » avec ses 4 archétypes du féminin correspondant aux 4 phases du cycle féminin et lunaire :
- la Femme Sage (ou la Sorcière) = les règles = la Nouvelle Lune
- la Jeune Fille (ou la Vierge) = le pré-ovulatoire = la Lune croissante
- La Mère (ou la Déesse) = l’ovulation = la Pleine Lune
- l’Enchanteresse = le pré-menstruel = la lune décroissante
Rien qu’en évoquant ce parallèle entre ces 3 notions intuitivement et sensiblement nous saisissons déjà les énergies que portent chacun des archétypes et donc chacune des phases du cycle féminin. C’est magique !
Se reconnecter aux archétypes du féminin, c’est se reconnecter à la profondeur et la complexité de son être. A sa dualité aussi. Car chaque archétype possède sa part d’ombre : l’archétype de la Mère représente l’amour inconditionnel, mais parfois aussi la dépendance affective. Dire « je suis en phase pré-menstruelle » n’évoque pas grand chose sur le plan de notre mouvement intérieur, hormis des possibles douleurs pré-menstruelles sur le plan physique. Par contre, dire « je suis en phase enchanteresse », c’est convoquer la femme mystère, la femme sauvage, le goût de la séduction et de la transmission. C’est dire qu’on est une femme libre et qui n’accepte pas les compromis. C’est tellement plus puissant.
Explorons chacun des archétypes :
La Femme Sage (période des menstruations)
La Femme Sage est la gardienne de la pleine conscience. Elle arrête de faire, se retire du monde extérieur pour se taire et intégrer le cycle qui vient de s’achever. Elle possède une grande réceptivité émotionnelle et une grande intuition. C’est la partie de nous qui écoute, qui sait et sent les choses. Elle est prête à détruire ce qui a besoin de l’être pour nettoyer et transformer.
La Jeune Fille (période pré-ovulatoire)
La Jeune Fille incarne la concrétisation des projets et la confiance en soi. C’est l’étincelle de vie. Concentrée et déterminée, elle affirme ses envies et porte ses projets avec structure, ambition… et plaisir ! Elle est pleine d’envies de s’amuser, de sortir, de tester de nouvelles activités, de faire de nouvelles rencontres et de découvrir le monde. Les idées fusent et les projets sont audacieux. Elle croque la vie à pleines dents et laisse s’épanouir sa sexualité.
La Mère (ovulation)
La Mère porte l’amour inconditionnel et l’harmonie. Elle nourrit et soutient l’autre, tout en offrant un cadre et une autorité naturelle. Désintéressée et extravertie, elle attire du monde autour d’elle et partage avec plaisir ce que la nature lui a offert. Elle est en prise directe avec son coeur et ses émotions. Elle sait ce qui la fait vibrer et pourquoi elle est au monde. Elle a envie de le partager en toute confiance et en toute authenticité.
L’Enchanteresse (période pré-menstruelle)
L’Enchanteresse est l’expression de la femme sauvage et décomplexé. Elle incarne l’obscurité et la puissance sexuelle. Elle ne tolère pas les banalités et les faux-semblants. Elle va au-delà de sa zone de confort. Elle ressent tout et dit ce qu’elle pense. Elle étudie, cherche et remet en question. Elle sait qu’il faut détruire pour renaître alors elle fait le bilan du cycle passé et en tire les enseignements qu’elle saura transmettre. Sa force créatrice et sa connexion à elle-même sont particulièrement puissantes et magiques.
Ces archétypes sont directement reliés et particulièrement activés lors des phases du cycle menstruel qui leur correspond, mais ils existent toujours en nous. Entre ces différentes parties de nous-même s’installent des coopérations, des rapports de force.
Un des archétypes domine souvent la roue de notre féminin. C’est l’archétype qui a la plus grande place, celui qui nous fait avancer mais aussi notre part d’ombre la plus présente. Notre part Femme Sage peut être très développée avec une envie de se retirer du monde très souvent. Au fur et à mesure que nous disparaissons du monde, nous mettons alors en sourdine la Mère en nous. Celle qui a envie d’être au monde, de prendre soin, de profiter des plaisirs terrestres.
Et oui, l’énergie féminine n’est pas liée exclusivement au sexe ou au genre féminin. C’est une énergie que nous portons toutes et tous à des dégrés variés, selon notre propre alchimie intérieure. Les hommes aussi ont besoin de retourner dans leur grotte pour se retirer du monde, comme d’être au monde et de prendre soin de l’Autre. La roue du féminin vit en chacun de nous. Elle rythme la cyclicité de notre être en résonance avec la cyclicité de la nature, du mouvement des planètes comme du jour et de la nuit. Les énergies masculines portent le mouvement vers l’extérieur, l’action, la décision quand l’énergie féminine nous parle d’accueil, de lâcher-prise et d’intuition.
Miranda Gray a beaucoup oeuvré dans les années 90 à transmettre ce savoir perdu autour du cycle féminin, car ces archétypes sont beaucoup plus anciens et issus d’une sagesse ancestrale.
Il existe aussi 4 archétypes du masculin qui forment des couples sacrés avec ceux du féminin. De la même façon, ils sont présents en chaque être :
L’Amant (couple sacré de la Femme Sage)
L’Amant est complètement incarné dans ses 5 sens et recherche le plaisir terrestre sous toutes ses formes. Il sait aussi qu’il fait partie d’un grand Tout et sait s’émerveiller et s’émouvoir de la beauté du Vivant. L’Amour est son moteur. Il est créatif et énergique et cherche la connexion pleine et entière, le jeu et la sensualité. Sa sensibilité et son empathie peut le mener à de grandes souffrances comme de grandes joies.
Le Guerrier (couple sacré de la Jeune Fille)
Le Guerrier agit avec détermination et force. Il est à l’initiative et n’a pas peur de défendre son royaume. Toujours alerte et attentif, il se tient prêt physiquement et émotionnellement à agir pour un monde plus juste, pour les causes qui lui tiennent à coeur. C’est un flux d’énergie très intense qui pousse toujours à continuer. Le Guerrier est aussi stratège et fait preuve de discernement et de clairvoyance. Connecté à sa vulnérabilité et l’Autre, il est le protecteur et la force motrice.
Le Roi (couple sacré de la Mère)
Gardien de l’intégrité, le Roi est celui qui ordonne et qui bénit par les mots et sa présence dans son royaume. Chargé de ses fonctions par le divin, il transmet et fait respecter les lois universelles. Il est le centre, l’exemple et voit chacun•e à sa juste valeur et avec bienveillance. Il stabilise les émotions et apporte le calme, l’équilibre, la force de vie et la joie. C’est par lui que vient la sécurité et la paix.
Le Mage (couple sacré de l’Enchanteresse)
La Mage est détenteur des secrets de l’Homme, de la nature et du cosmos. Il maitrise à la fois la théorie et son application. Sa quête est de chercher et de connaître. Pour cela il est prêt à parcourir le monde comme à vivre reclus. Il peut ensuite guider et initier l’Autre en conscience et pour le plus grand Bien. Il sait discerner les faux-semblants et dégonfler les egos. Il utilise des outils pragmatiques adaptés à son besoin, développe un savoir-faire et une technique particulière et aime les nouvelles technologies.
Les archétypes du féminin et du masculin dansent en nous constamment. Ils se complètent et s’apportent mutuellement de ce dont ils ont besoin. Par exemple, l’Amant vient ramener l’envie d’être avec l’Autre à la Femme Sage.
Ce sont leurs frictions, leurs désaccords qui viennent créer les contradictions à l’intérieur de nous. Nous sommes toutes ses facettes à la fois et il nous faut trouver à équilibrer ces énergies en place, qui sont toutes challengés par notre vécu, nos mémoires transgénérationnelles, nos croyances limitantes, nos stéréotypes…
Chacun son personnage, chacun son rôle. Nous pouvons ainsi en saisir plus facilement les enjeux, les rapports de force, les ambitions. Une richesse incroyable dans une meilleure compréhension intérieure.
Nos roues du féminin et du masculin sont là pour nous et sont notre force et un appui sur lequel se reposer lorsque nous sommes perdu•es.
La puissance des archétypes résident là : offrir une réalité tangible au l’infini et à la complexité de l’être pour en faire une matière sur laquelle l’on peut agir, que l’on peut travailler. Avec laquelle s’amuser. Pour finalement parvenir à reconstituer le puzzle de qui nous sommes.