Plus jeune, lorsque j’avais une épreuve importante ou une échéance stressante, je me disais toujours la même chose : « Pense à comment tu te sentiras quand ce sera passé ». Suite à mon oral d’espagnol, dernier exam du Bac, je suis sortie dehors et je me suis allongée dans l’herbe devant le bahut. Les bras derrière la nuque et le soleil dans les yeux. Quand on est demain, tout nous semble différent. Je ne savais pas si j’avais mon Bac ou pas, mais à cet instant, il n’y avait plus rien à faire. Depuis le futur, les difficultés appartiennent au passé, les leçons sont tirées, le sens des choses est révélé : voilà les jours heureux qui se pointent.
Ces deux derniers mois ont été éprouvants : un point d’orgue à de nombreux questionnements et tâtonnements personnels et professionnels, dans une explosion physique et émotionnelle. Si je remonte le film, le Journal de mes Lunes est sorti début mars, en même temps que le Cycle d’interviews des 13 Lunes et que Danse ton essence. J’ai décidé après cette période de prendre du temps pour moi. 3 jours se sont transformés en 15. Je sentais que j’avais besoin de plus de repos. De beaucoup plus de repos. J’ai mis de côté la culpabilité de ne pas travailler pour y aller pleinement.
Je fus bien inspirée !
On m’a proposé un nouveau projet d’écriture et puis j’ai attrapé le Covid. Ce temps OFF m’a sûrement permis d’être suffisamment forte pour traverser la maladie (avec l’aide d’huiles essentielles, d’une monodiète et de compléments) et le confinement part III avec enfant à domicile. Si je ne m’étais pas écoutée, dans quel état serais-je aujourd’hui ? Si j’avais forcée, comment aurais-je pu accueillir ces vagues dans ma vie ?
Je me suis complètement remis du Covid en une quinzaine de jours et j’ai pu prendre la seconde vague : une rupture en pleine écriture de mon livre dans un temps riquiqui…. Allez, après, ça ira mieux. Accueillir le cycle qui s’achève et faire confiance qu’un autre s’ouvrira…. Et un autre s’est ouvert mais pas dans le même domaine. Sur quelque chose qui coinçait tellement et depuis des années : l’opportunité de partir vivre à la campagne. J’avais beau retourné ce projet dans tous les sens, tout était fermé, mouvant et compliqué. Puis quelque part j’avais arrêté d’y croire, j’avais renoncé. Et là, ça se fait : localisation idéale, logement superbe, prix accessible, tempo parfait. Comme ça, simplement.
Je comprends maintenant pourquoi je dois respecter mes besoins quand ils se présentent, comment quand une porte se ferme, une fenêtre s’ouvre, pourquoi il ne sert à rien de lutter. Je sais que je ne sais rien. Je saisis que je dois faire les choses sans savoir pourquoi.
La réponse au pourquoi appartient au futur.
Cela n’enlève pas le chagrin, la colère, la douleur… mais ça apaise les questionnements qui peuvent torturer aussi, ça arrête les décisions et les non-décisions qui nous entrainent si loin de notre chemin. Alors du futur, je m’envoie cette sensation d’être allongée dans l’herbe après le Bac : c’était difficile, éprouvant, challengeant mais c’est derrière moi. Je suis dans la vague mais j’aperçois la rive : la terre n’est pas loin. »
NB : j’ai eu mon Bac avec mention